SOMMAIRE
1 - Introduction
2 - Ce que nous enseigne la mort
3 - La mort dans la Tradition Celtique
4 - Différentes conceptions de l’après vie
5 - Les rites liés à la mort
6 - L’impermanence
7 - La mort dans la vie
8 - L’analogie entre la mort et le sommeil
9 - Se préparer à la mort
10 - Les cinq regrets du mourant
11 - Les cinq phases du mourant
12 - L’accompagnement
13 - Le deuil
14 - Le contact avec les disparus
15 - Que se passe-t-il après la mort ?
16 - Conclusion
Parmi les domaines étudiés par le Vate, il y a celui qui a trait aux mondes subtils. Le Vate cherche à établir une relation particulière avec la dimension invisible de la Nature, et dans ce domaine, ce qui est par essence invisible c’est la mort. Mais la mort, bien que cela soit un sujet universel et qui concerne chaque être humain, est un sujet complexe. Il induit en particulier la vision que l’on se fait de l’homme, et notamment si on lui envisage une dimension spirituelle ou non. En tant que cheminant sur la Voie du Vate, je pars du principe que l’être humain est un être spirituel et donc qu’il est doué d’une âme qui anime son corps. Mais la notion d’âme revêt à son tour différentes conceptions selon les époques, les cultures et les croyances. Mon sujet n’étant pas de développer cet aspect, je me contenterai dans cet exposé de considérer simplement la double nature de l’être humain, à savoir qu’il est une âme incarnée dans un corps physique. D’autre part, il est difficile d’aborder un tel sujet de façon totalement impartiale. En effet, la conception que l’on a de l’après vie influe forcément sur la façon dont on traite les choses. Pour ma part, je m’inscris dans une vision ré-incarnationiste, mais je sais que cela n’est pas partagé par tout ceux qui cheminent dans le Druidisme. C’est pourquoi j’essaierai, néanmoins, de m’astreindre à une certaine neutralité.
Par ailleurs, le sujet de la mort étant également un thème pouvant avoir de nombreux développements, je me contenterai de présenter une synthèse du sujet à travers quelques thèmes choisis. Ceux-ci seront traités d’une façon qui pourra sembler parfois sommaire, mais c’est dans le but de rester dans le cadre d’un mémoire de Vate.
Commençons donc notre tour d’horizon des thèmes en relation avec cette phase essentielle de l’existence humaine et qui, pour les Celtes, était le milieu d’une longue vie, et selon la croyance Druidique, le temps qui sépare deux incarnations.
Il est tout d’abord intéressant de remarquer que, selon les époques et les cultures, la mort n'a pas toujours fait peur comme c’est le cas aujourd’hui. Dans notre culture également, il y avait, autrefois, beaucoup plus d'acceptation à son sujet. Dans d’autres pays et d’autres cultures, la mort d’une personne est plutôt une source de joie, car on la considère comme une délivrance pour le défunt. Par contre, dans la France d’aujourd’hui, il est plutôt de mise d’avoir une attitude triste et recueillie dans les cimetières.
Dans les pays où la mort n’est pas assimilée à la tristesse et au recueillement, la notion d'accompagnement du défunt est plus prononcée ; elle dure parfois plusieurs jours. Après l’enterrement, on organise des repas dans les cimetières avec la famille et les amis. Parfois même on y fait la fête. Les cimetières sont vus comme des lieux de vie et de réjouissance. Cela se retrouve dans les rites funéraires de certains pays comme le Ghana ou joie et couleurs accompagnent le défunt qui évolue maintenant dans une nouvelle existence. C’est aussi le cas en Polynésie où une personne qui y a vécu longtemps raconte :
« Le dimanche, nous allions souvent pique-niquer au cimetière de Faa’a. Les fleurs roses, jaunes et blanches des frangipaniers embaumaient l’air d’un parfum capiteux. Après le repas, on y chantait en jouant du ukulélé. C’est là que je voudrais être enterré parce que c’est toujours très joyeux ; il y a toujours des visites pour chanter et danser ».
Mais aujourd'hui, dans notre société, la mort fait peur, on la refuse. Il y a une réelle crispation collective par rapport à cette étape fondamentale de la vie humaine. Il faut reconnaître que c’est un sujet antagoniste dans notre civilisation actuelle qui fait l'apologie de la jeunesse, de la beauté et de la vitalité. La mort est un sujet tabou, on l’évite, on l'occulte, on cache les mourants comme on cache nos vieux dans des maisons pudiquement baptisées de «retraite». Les corbillards fleuris qui, autrefois, traversaient les rues avec un cortège à leur suite et qui annonçaient de façon publique le décès d’une personne, ont disparus. Ils sont aujourd’hui «maquillés» en véhicule standard afin d’être le plus discret possible et pouvoir se fondre dans la circulation. On ne les voit pratiquement plus, et d’ailleurs en avez-vous vu un récemment ? Pourtant, on continue de mourir autant qu’avant ! On ne porte plus non plus le deuil sur soi en s’habillant de noir.
Autrefois: il était fréquent que le mourant annonce l’imminence de sa mort. Cela se traduisait par une attention particulière à soi-même et à ses petites habitudes quotidienne, par une mise en ordre de ses affaires, etc. Dans le film «Manon des sources» on en a une illustration avec le «Papet» qui, le «moment venu» fait sa toilette, mets ses habits du dimanche, puis s’allonge sur son lit et se laisse cueillir par la mort. Il y avait aussi une expression qui illustrait cela : « Son heure est venue… ». La mort était aussi un fait social et public ; elle n’était pas cachée et toute la communauté avait son rôle dans l’évacuation du défunt du monde des vivants. La famille et les amis étaient convoqués et on commençait les préparatifs. La personne mourrait alors chez elle, dans le calme, entouré de ses proches. C’était l’affaire du prêtre, une affaire humaine.
Aujourd’hui on meurt la plupart du temps seul, dans un hôpital, de façon quasiment anonyme. C’est devenu l’affaire du médecin, une affaire de technicien dans un «milieu hospitalier» où la définition et la décision même de l’état de mort est médicale. On veut mourir vite, comme un dernier acte du consommateur que nous étions dans la société actuelle, et dont c’est la doctrine prédominante. D’autre part, les fabuleux progrès de la médecine et l’allongement de la vie ont induit un état d’esprit que la mort peut-être évitée, sans toutefois tomber dans l’illusion de l’immortalité. Néanmoins, alors que la mort est une composante inéluctable de la vie humaine, lorsqu’elle survient de nombreux chirurgiens la considèrent comme un échec.
Ce refus de l’échec traduit une volonté de toute puissance, de contrôle absolu sur tout et sur tous et donc, pourquoi pas, un contrôle de la mort elle-même. Ceci est une caractéristique de notre époque, et où le culte de la performance, omniprésent aujourd’hui, n’est que la transposition idéologique du refus de l’échec ; une idéologie strictement matérialiste qui réduit la mort à un «paramètre». Cela montre à quel point on s’est écarté de l’être humain et de son authenticité, même dans des domaines où celui-ci se trouve pourtant au centre, ou tout du moins devrait l’être, comme dans le domaine de la médecine.
D’autre part, on cache également la mort aux enfants ; la plupart des gens évitent de les emmener dans les cimetières. D’ailleurs, comment comprendraient-ils ce qu’ils font dans un cimetière s’ils n’ont pas vu de leurs yeux le parent mort parce qu’on a voulu les protéger contre eux-mêmes. Voir le mort est pourtant une étape fondamentale dans le processus de deuil et dans l’intégration de l’idée de finitude par l’enfant. Pourtant, l’absurdité des adultes va même parfois jusqu’à cacher la mort du parent à l’enfant !
Mais cette dissociation de la mort d’avec le monde des vivants nous laisse aujourd’hui désemparés par notre inexpérience. En effet, autrefois un décès impliquait toute la famille, tant par la toilette et l’habillage du mort, que par les longues heures de veillées. Les enfants étaient témoins de cela et ils pouvaient à leur tour le transmettre une fois devenus adultes. Aujourd’hui, lorsqu’une famille est confrontée au décès de l’un des siens, elle ne sait plus trop s’en occuper. Elle va chercher un prestataire efficace et discret. Il y a eu un glissement d’une sphère familiale et solidaire vers une sphère professionnelle et commerciale qui nous décharge de tout soucis. Le slogan d’une célèbre société américaine de pompes funèbres résume d’ailleurs bien ceci lorsqu’elle dit : « Mourrez, nous ferons le reste ! »
Cependant, si les gestes qui accompagnent la mort ont une fonction hygiénique et morale, ils ont aussi une fonction psychologique : celle de permettre à la famille de faire le deuil. Le fait que ces gestes soient aujourd'hui réalisés par des professionnels pose un double problème :
- Les gens sont protégés du contact avec la mort, mais du coup ils la maîtrisent d'autant plus mal psychologiquement
- Le fait d'être dépossédé des rituels de deuil rend celui-ci d'autant plus difficile à faire pour les proches.
Avant de poursuivre, je vous propose un petit temps de réflexion et d’intériorisation. Prenez un petit moment de tranquillité et répondez à ces deux questions :
- Essayer de vous remémorer la première fois que vous avez vu un mort.
- Vous souvenez-vous des sentiments que cela a fait naître en vous ?
La mort est un des grands défis fondamentaux de l'existence humaine. Pour certains, c'est le plus exigeant alors que pour d'autres, les plus grandes difficultés sont ailleurs : la carrière professionnelle, la réussite,... Mais pour tous il s'agit d'une question que la vie nous présente, et à laquelle il nous faut trouver des réponses qui auront un effet important sur l'ensemble de notre existence. La question : « Pourquoi la mort ? » nous pose une énigme fondamentale, car en effet, la nature ne fait rien « pour rien », elle ne créée rien pour le simple plaisir de créer. Tout ce qui appartient au monde de la Création a un sens, une finalité.
Mais la mort n'est pas un sujet auquel nous pensons volontiers. La plupart du temps, nous avons tendance à faire comme si cette réalité n'existait pas ou ne nous concernait pas. Pourtant, c'est une question qui nous touche tous directement. Du fait que nous sommes vivants, nous sommes voués à mourir tôt ou tard, d'une mort définitive. C’est la seule certitude absolue dans ce monde, la seule vraie démocratie. C'est un des paradoxes les plus troublants de notre existence terrestre et, probablement, la réalité la plus révoltante qui soit. En effet, nous ne recevons qu’une seule vie dont la durée est limitée mais inconnue, et dont la fin est inéluctable, irrémédiable et définitive. C'est comme si on nous donnait un cadeau tout en nous le retirant. Il n'est pas étonnant alors que les humains aient inventé une variété de moyens pour tenter d'éviter cette dure réalité. Il faut bien reconnaître que la seule alternative n'est pas très attrayante à première vue. Si nous ne fuyons pas devant ce défi, il faut accepter et intégrer la mort comme une dimension fondamentale de notre existence; y consentir d'avance pour lui faire une place dans notre façon de vivre.
L'évitement
Même si la plupart d’entre nous évitent de penser à la mort, il nous arrive à tous, de temps en temps, de nous faire rattraper par cette question. Les événements de notre vie se chargent de nous la rappeler. La mort imprévue d'un être cher, un accident sérieux, une maladie grave ou une tragédie dans notre environnement viennent nous rappeler que nous pouvons mourir à tout moment, que notre vie pourrait être radicalement écourtée ou soudainement changée de façon drastique.
Lorsque ces accidents de parcours nous forcent à considérer notre mort comme une réalité tangible, il se produit un phénomène remarquable : nous devenons plus intensément vivants et plus sensibles à ce qui est le plus important dans notre vie. Nos priorités changent alors pour donner plus d'importance à ce qui nous semble essentiel. Nous jetons un regard plus critique sur les «urgences» auxquelles nous consacrons notre temps et nous décidons de nous occuper davantage de ce qui nous importe le plus : notre famille, les satisfactions importantes pour notre bonheur, nos valeurs prédominantes, le plaisir que nous prenons à vivre, etc.
Puis, le tourbillon de la vie reprend souvent le dessus et nous invite à oublier ces épreuves. Nous recommençons alors à donner la première place à des urgences superficielles, à des futilités sans lendemain. Il s'agit donc d'un étrange paradoxe : lorsque nous parvenons à oublier que notre vie est limitée dans le temps, nous devenons moins vivants, alors que nous le devenons davantage lorsque nous sommes conscients de la mort qui nous attend.
Pourquoi cet évitement ?
En tant qu'être vivant, chacun de nous cherche à maximiser sa vie dans la mesure du possible. Il recherche un épanouissement aussi complet qu'il le peut et se mobilise pour protéger sa vie lorsqu'elle est menacée. Or, nous apprenons un jour que notre vie est un bien périssable et qu’elle porte en elle les germes de sa propre destruction.
Mais nous n'avons pas vraiment le choix : la mort est nécessairement la dernière partie de notre vie. Il est cependant difficile d'accepter cette réalité paradoxale; notre mission, en tant qu’être vivant, est de vivre le plus complètement possible et non pas d'arrêter de vivre, même si au final c’est la mort qui est la conclusion de tout. C'est pour cela que nous parlons ici d'un défi existentiel. Il s'agit d‘un paradoxe que nous devons accepter et auquel nous devons parvenir à donner un sens satisfaisant.
Bien que les Druides de l’Antiquité ne nous aient pas laissé d’écrits concernant leur doctrine par rapport la mort, leurs idées étaient connues de tous et certains aspects ont été retranscrits par les auteurs grecs et romains. Même si ces conceptions sont largement connues dans le milieu druidique contemporain, il ne me semble pas inutile d’ouvrir une parenthèse dans cet exposé.
L’immortalité de l’âme
Selon les historiens de la Grèce et de la Rome antique, nous pouvons penser que les Celtes de l'âge de fer croyaient que leurs âmes étaient immortelles et qu’elles survivaient à la mort. Certains auteurs classiques on suggéré que l'âme qui était passée dans l'au-delà, vivait une autre vie; d'autres encore suggérèrent que l'enseignement druidique était semblable à celui des pythagoriciens qui disait que l'âme passe d’une forme de vie dans une autre ; cela est d’ailleurs rapporté par Jules César.
Dans tous les cas, il est clair que les druides ont encouragé cette croyance en la survie de l’âme qui annihilait la peur de la mort chez les guerriers Celtes, et qui les rendaient intrépides dans la bataille.
Les Celtes et l’Autre-Monde
Les mythes, les contes et le folklore celtique situent l’Autre-Monde dans des îles se situant dans la mer de l'Ouest ou bien, à d'autres moments, dans le monde souterrain aussi appelé «Sidhe». C’est là que se sont réfugiés les Tutha dé Danann après leur défaite contre les Millesiens, mais c’est aussi là que demeurent d’autres créatures comme les fées. Les nombreux monticules de terre présents dans la campagne irlandaise seraient les «portes» d’entrée du Sidhe. Mais l’Autre-Monde pouvait être aussi, pour les Celtes, un monde parallèle qui jouxterait le monde des vivants, mais qui serait pourtant invisible pour la plupart des êtres humains.
Au pays de Galles
Au pays de Galles, l’Autre-Monde s’appelle Annwn ou Annwfn, et il serait gouverné par le roi Arawn , puis beaucoup plus tard par Gwyn ap Nudd. Il s'agissait essentiellement d'un monde de délices et de jeunesse éternelle, d’où la maladie est absente et où la nourriture est toujours abondante.
En Irlande
L'au-delà a été décrit dans la poésie irlandaise et dans les contes comme étant une terre de félicité, de bonheur et où règne un été perpétuel. Il est souvent décrit comme une série d'îles où y vivent les ancêtres ainsi que diverses divinités. D’autre part, des héros mythologiques, comme Cúchulainn et Bran dans « Le Voyage de Bran », se rendirent dans les royaumes de l’Autre-Monde. Tout comme les Gallois, les Irlandais croyaient dans un Autre Monde qu'ils ont décrit parfois comme étant souterrain, et parfois situé sur des îles dans la mer de l'Ouest. Cet au-delà a été diversement appelée Tir na mBeo «la terre des vivants », Mag Mell «la plaine délicieuse», et Tír na nÓg «Le pays de l’eternelle jeunesse» parmi d'autres noms. Il a été aussi considéré comme un pays où il n'y avait pas de maladie, de vieillesse ou de mort, où le bonheur durait éternellement, et où cent ans étaient « comme un seul jour ».
Nous voyons donc que, dans la société celtique, l’après vie revêtait une dimension particulièrement heureuse et paisible. Il n’y avait pas de notion d’enfer ou de purgatoire où il faudrait expier des « péchés » dans d’interminables souffrances. Cela explique que, n’ayant pas peur de la mort, les guerriers Celtes combattaient avec beaucoup de bravoure comme le mentionnent les écrits des Romains qui eurent à les affronter.
La conception que l'on a de la mort oriente la vie des sociétés ; il y a essentiellement deux grandes conceptions :
- Une Conception philosophique qui envisage une immortalité de l'homme. Cette conception est souvent associée à une conception divine de son origine, c’est ce qui sous-tend le fondement de toutes les religions.
- Une Conception matérialiste qui conçoit l'homme comme un produit du hasard et qui retourne au néant au moment de la mort. C'est cette conception qui est prédominante dans les sociétés occidentales. Néanmoins, cette vision dénuée d’avenir et d’espoir, et qui est actuellement proposée à la jeunesse comme seule possibilité, peut avoir des conséquences néfastes. En effet, comment s’étonner alors que les jeunes qui ne peuvent trouver un sens à leur existence, se tournent vers des comportements à risque ? Les suicides, la drogue et l’alcoolisme sont peut-être une forme d’autodestruction face au vide métaphysique qui leur est proposé.
La conception de l’après vie se répartit également en trois grands courants :
- LE COURANT IMMORTALISTE : C’est la croyance qu’après la mort il y a une vie éternelle de félicité ou bien de souffrance selon le comportement que l’on a eu de son vivant. C’est le cas principalement des religions de la Bible.
- LE COURANT REINCARNATIONISTE : C’est la croyance que l’âme se réincarne plusieurs fois sur terre. Cette croyance est prédominante en Asie à travers le bouddhisme et l’hindouisme. On peut distinguer deux visions dans ce courant :
- La croyance à la métempsycose : Au cours de ses différentes expériences terrestres, l'âme peut se réincarner en homme, mais également en animal ou bien en une plante. L’incarnation suivante ne sera pas nécessairement humaine.
- L’hypothèse évolutionniste : le but de chaque incarnation est de parfaire l'évolution de l'âme. Cette hypothèse pense que l'âme ne peut pas régresser et doit, de ce fait, nécessairement se réincarner dans un corps humain.
- LE COURANT SURVIVALISTE : Croyance au fait que l’âme du défunt continuerait sa vie dans l’au-delà à proximité de son lieu de vie, voir même sous son toit. Cette croyance a donné naissance au culte des ancêtres dans certaines civilisations asiatiques et africaines, qui ménagent dans un endroit de la maison un autel qui leur est dédié. Cela a également donné naissance aux religions animistes et au spiritisme.
La conception que l’âme du défunt se rend « au ciel » n’est venue que progressivement. Dans les temps préhistoriques, l’homme pensait que l’âme se trouvait sous terre. Puis dans les anciennes civilisations, avec l’évolution de la conscience, on a commencé à situer le séjour post-mortem dans le ciel. Mais cela n’a tout d’abord été que le privilège des puissants (les Pharaons dans l’Egypte Ancienne, les Nobles dans la Grèce Antique).
La mort a donné naissance à des rites funéraires au sein des familles, qui étaient différents selon les pays et les régions. Certains ont été dénaturés et ont survécu de façon incomprise voire superstitieuse à travers des coutumes populaires :
- Voiler les miroirs : le miroir en renvoyant notre propre image symbolise la conscience de soi dans ce monde-ci (monde de l’illusion). Les miroirs couverts évitent aussi au mort d'y voir son futur. Ceux destinés aux enfers pourraient décider de rester avec les vivants.
- Arrêter les horloges : dans le monde spirituel, le temps et l’espace n’existent pas. Ils ne se manifestent que dans le monde physique.
- Mettre une bassine d’eau à côté du défunt : Cette pratique est certainement une survivance d’un rite de purification au moment du passage dans l’au-delà. Ailleurs encore : on posait une cruche dans la chambre et on ouvrait la fenêtre, pour que l'âme puisse se baigner et s'envoler Mais il y a également son contraire : dans certaines régions, il faut couvrir tous les seaux et récipients contenants de l'eau et retourner les chaudrons.
- Recouvrir les ruches d’un morceau d’étoffe de couleur noire en forme de croix lorsque c’était la mère de famille qui mourrait.
- Chez les musulmans : on recouvre les meubles de draps blancs ; parfois on s’habille en blanc.
Les rituels mortuaires des différentes religions semblent néanmoins importants pour que le défunt puisse prendre conscience de sa mort. Dans certaines religions, les cérémonies durent trois jours. Elles vont jusqu’à 49 jours chez les tibétains. D’autre part, les âmes très matérialistes peuvent rester « attachées » au plan physique après leur mort. Les différents rites pratiqués par les religions sont donc là pour aider ceux qui viennent de mourir à franchir le Seuil menant à l’autre réalité, car en refusant leur état, elles ne peuvent atteindre le niveau de conscience qui est le leur pour poursuivre leur chemin dans l’Autre-monde. Des personnes particulièrement sensitives peuvent percevoir ces « présences » à proximité du monde matériel. Ceci a donné naissance à la légende des fantômes, revenants,...
Pour remonter plus loin dans le temps, on peut noter l’utilisation des fleurs dans les rites mortuaires préhistoriques, notamment après la dernière glaciation. Ce lien entre la mort et les fleurs a pu être fait lorsque les hommes préhistoriques ont assisté à l’explosion soudaine des fleurs au printemps. Ceci a pu les interpeller et ils ont pu y voir un symbole de la perpétuation de la vie par delà la mort. D’autre part, le climat glaciaire dans lequel vivaient les hommes qui ont développé ces rites à du accentuer ceci car le contraste devait être grand entre l’hiver rigoureux et le retour de la végétation au printemps. Aujourd’hui, Le lien entre les fleurs en tant que symbole de perpétuation de la vie et le défunt semble bien être rompu. On met toujours des fleurs sur les tombes mais quel en est le sens ? Ce sont davantage des considérations esthétiques ou de respect qui ont l’air d’avoir cours. D’ailleurs l’aspect pratique est aussi prédominant et il semble parfois supplanter la tombe elle-même. On trouve souvent des réflexions de ce genre : « Il vaut mieux telle fleur car elle résiste bien au gel », « Cette plante ne demande pas trop à être arrosée »,« Peut-on mettre des fleurs en plastiques ? », etc.
Les changements apportés par le cycle des saisons auxquels étaient soumis les hommes préhistoriques les maintenaient dans une forme d’incertitude et d’insécurité. Aujourd’hui, notre confort moderne et la sécurité alimentaire nous procure un sentiment de pérennité et de continuité des choses. Pourtant, quel que soit votre âge, vous pouvez vous retourner sur votre passé et faire un bilan de toutes ces années où vous avez vécu : combien de gens sont morts, combien de personnes haut placées sont tombées bien bas ? Combien d’autres qui étaient en bas de l’échelle se sont élevées ? Combien y a-t-il eu de troubles, de conflits ? Combien de certitudes aviez-vous qui se sont écroulées ? Combien d’amis avez-vous perdus et combien en avez-vous aujourd’hui ? Combien de fois avez-vous dû changer de lieu de vie ?
De tout ceci, il ressort que rien, absolument rien n’a de caractère durable. Tout n’est que changement continuel, et si nous sommes angoissés devant la perspective de la mort, c’est parce que nous n’avons pas compris et intégré la vérité de l’impermanence. Nous désirons si ardemment au fond de nous-même que rien ne change et que tout continue comme à l’ordinaire, que nous nous persuadons que rien ne changera jamais. Nous en avons un exemple collectif à travers ce que nous appelons des « crises de société». Face aux problèmes rencontrés et aux changements qu’ils provoquent, en qualifiant ces moments particuliers de « crise » nous adoptons une attitude qui nous fait croire que ce sont des problèmes passagers et que tout reviendra comme avant. Mais rien n’est jamais comme avant.
La peur de la mort, qui suscite elle-même la peur du changement, nous pousse à une quête perpétuelle de la sécurité. Et les fondations mouvantes su lesquelles nous bâtissons nos vies à partir d’informations erronées, d’illusions et de suppositions, nous entretiennent dans notre obstination à croire que c’est la permanence qui procure la sécurité.
Mais paradoxalement, l’impermanence est la seule chose durable à laquelle nous puissions nous raccrocher, la seule certitude. Elle est comme le ciel ou la terre. Tout peut changer ou s’écrouler autour de nous, le ciel et la terre demeurent. Nous pouvons traverser dans nos vies des crises déchirantes, des séparations douloureuses, des deuils… La terre est toujours là. Le ciel est toujours là. Et la mort, ce fait inéluctable de la vie, est là pour nous éveiller à cette vérité que toute chose est impermanente.
Ce qui est né mourra
Ce qui a été rassemblé sera dispersé
Ce qui a été amassé sera épuisé
Ce qui a été édifié s’effondrera
Et ce qui a été élevé s’abaissera.
Tout peut changer ou s’écrouler autour de nous,
le Ciel et la Terre demeurent »...
Sogyal RINPOCHÉ
Mais tout ceci peut sembler une évidence pour certains, quelque chose qu’ils savent depuis longtemps et peut-être ne fais-je « qu’enfoncer des portes ouvertes ». Pourtant, vivons-nous réellement en ayant parfaitement intégré la notion d’impermanence ? Se traduit-elle dans chacune de nos pensées, de nos activités quotidiennes, à l’occasion de nos rencontres ? Ou bien n’est-elle qu’une parenthèse fugace dans notre vie avant que nous ne retournions à nos sécurités bien ancrées ? N’est-ce qu’un petit moment de philosophie avant de reprendre nos activités plus « sérieuses » ?
La mort fait partie de la vie. Si elle en est le stade ultime, la vie nous y prépare également à travers toutes les « petites morts », toutes les expériences qui nous amènent à faire des deuils, à vivre des acceptations. Toutes ces épreuves et étapes de la vie sont des préparations à notre propre mort. Il est donc important de savoir les comprendre et d’en tirer les leçons qui, tout en nous préparant psychologiquement, nous ferons grandir philosophiquement et spirituellement.
Parmi toutes les expériences proposées par la vie pour nous préparer à la mort on peut citer celles-ci :
- Le métabolisme des cellules du corps : Celles-ci se régénèrent entièrement selon un cycle de sept ans. Ceci n’est pas ce qu’il y a de plus flagrant ni de plus spectaculaire dans nos vies, mais si nous y réfléchissons un bref moment, nous pouvons nous dire que tout les sept ans notre corps est entièrement constitué de cellules nouvelles, que nous avons un « nouveau » corps et que, par conséquent, nous sommes, d’une certaine façon, mort à nous-même.
- La naissance : La naissance d’un enfant marque la fin d’un état antérieur de la vie parentale. A partir de ce moment, il y a la présence quotidienne d’une nouvelle personnalité au sein de la famille, et qui marque le deuil d’une composition familiale qui avait cours jusque là. On peut également mentionner que dans la Tradition celtique, la naissance d’un enfant s’accompagne de la mort de celui-ci dans le monde spirituel.
- L’adolescence : C’est une importante étape transitoire. Au seuil entre deux mondes, l’adolescent doit faire le deuil de l’enfance qui le quitte sans pouvoir s’appuyer sur la confiance de l’adulte qu’il n’est pas encore. Etape difficile où la personnalité se cherche à la fois dans l’identification avec ceux de son âge avec lesquels il vit en groupe, mais aussi par opposition à l’éducation reçue de ses parents. Ce n’est pas un rejet pour un rejet, mais seulement pour pouvoir mieux savoir qui il est fondamentalement, et revenir ensuite de nouveau vers la famille en tant qu’adulte équilibré en non plus en tant que l’enfant qu’il n’est plus. Dans ce passage d’une étape à l’autre, les parents se doivent de rester eux-mêmes afin de représenter un axe auquel l’adolescent pourra se référer, même s’il le rejette en apparence. Ils doivent également faire le deuil de l’enfant qui n’est plus et se préparer à accepter une nouvelle personnalité d’adulte en devenir.
- Le mariage : Le mariage, avec les nouvelles responsabilités qu’il implique amène à faire le deuil d’un temps où chacun des deux époux n’était responsable que de lui-même. C’est aussi le deuil des temps d’insouciance avec les copains ou les copines, des jeux de séductions, etc.
- La vie professionnelle : Lorsqu’on est amené à changer d’entreprise ou de métier, cela implique également le deuil d’une activité que l’on exerçait jusque là, surtout s’il y a changement d’activité professionnelle. C’est également la fin des habitudes quotidiennes pour de nouvelles, ce sont de nouveaux trajets et le deuil des échanges avec les collègues sur le lieu de travail.
- Les déménagements : Ce sont également des moments importants dans une vie car ils impliquent des changements radicaux : nouvelle demeure, nouveaux repères géographiques, nouvelles habitudes. Les déménagements distendent souvent, voire font mourir, des liens relationnels que nous avions pourtant promis d’entretenir avec nos amis. C’est le vieux dicton : « Loin des yeux, loin du cœur »
- La retraite : C’est un des moments clés de l’activité humaine car, pour beaucoup, l’activité professionnelle donnait un sens à leur vie. Le deuil de celle-ci, si elle ne donne pas naissance à d’autres activités, à une réorientation de notre vie, peut générer extrêmement de stress et d’angoisse.
On sait également aujourd’hui que si ce deuil de la vie professionnelle n’a pas été fait de façon harmonieuse, il peut précipiter notre fin de vie. La retraite doit vraiment être vécue comme le temps d’une nouvelle naissance.
- Les voyages : Certains voyages peuvent représenter en eux-mêmes une « petite mort » en fonction des expériences qu’ils nous font vivre, volontairement ou non. Ce sont par exemple les voyages où surviennent des accidents ou des épreuves : vous partez pour trois jours et vous vous retrouvez dans une prise d’otages qui dure plusieurs mois, ou bien au cœur d’un évènement météo particulièrement dramatique : avalanche, tsunami, etc.
Il y a également ceux qui effectuent des voyages à caractère initiatique, et qui impliquent de la durée, des privations et des efforts physiques : la traversée d’un continent à vélo, l’expédition vers certains hauts lieux spirituels particulièrement inaccessibles, le pèlerinage à Compostelle, etc. Rappelons-nous également du dicton : « Partir, c’est mourir un peu »...
Afin d’essayer de mieux comprendre le phénomène de la mort, il est possible, dans une certaine mesure, de faire une analogie entre la mort et le sommeil. D’ailleurs, une expression ne dit-elle pas : « Il s’est endormi pour toujours » ? d’autres parlent aussi de la mort comme du « Dernier sommeil ».
Le sommeil, tout comme la mort, se déroule en plusieurs phases. Voyons quelles analogies on peut faire entre les deux.
Les différentes phases de l’endormissement:
- La séparation : c’est la phase de détente, de libération des soucis ; les muscles commencent à se relâcher et les sons environnants deviennent plus lointains.
- L’approche de la frontière CONSCIENT/SUBCONSCIENT : c’est le moment où nous commençons doucement à glisser vers un état de conscience modifié, le demi-sommeil. On peut commencer parfois à avoir des rêves qui apparaissent alors que nous sommes encore en partie conscients.
- Harmonisation avec les rythmes naturels : à ce stade, il y a un apaisement et une régulation des rythmes respiratoires et cardiaque. La respiration devient ample, calme et détendue. Elle est qualifiée de « respiration du bébé » en analogie avec celui-ci qui a une respiration paisible et détendue.
- Extension de la conscience : Après l’endormissement, la conscience bascule complètement dans le subconscient ; il n’y a plus de notion de limite, de temps ou d’espace.
On retrouve également ces phases lors de la mort :
- La séparation : l’individu qui va mourir va se séparer du monde des vivants. La détente ne portera pas sur le corps physique mais sur la dimension psychologique. Pour qu’il soit serein à ce niveau là, il doit être libéré de tout soucis le reliant au monde matériel ; ses affaires doivent être en ordre. Il doit sentir que sa tâche en ce monde est terminée et qu’elle a été bien remplie.
- L’approche de la frontière CONSCIENT/SUBCONSCIENT : C’est le moment ou le mourant commence à perdre conscience et que l’âme revoit sa vie passée. Elle est également mise en présence de ses contenus subconscients. Il semble que l’état d’esprit que nous entretenons au cours des dernières années de notre vie a une incidence cruciale sur ce moment de passage de la vie à la mort. Plus nous aurons eu une conception positive et spirituelle de la vie et des choses, plus notre subconscient sera rempli de choses positives et plus notre « vécu » au moment de la mort sera radieux.
- Harmonisation avec les rythmes naturels : L’âme se détache de plus en plus du corps et de la notion de temps. Elle commence à s’accorder avec les « rythmes » du monde spirituel qui va l’accueillir.
- Extension de la conscience : La conscience objective disparaît définitivement lorsque l’âme bascule dans l’Autre monde.
On parle souvent de la mort comme du « Grand Voyage », et comme tout voyage, cela demande une préparation afin d’être prêt le jour venu. Pour partir en voyage, il faut que nos bagages soient prêts, que nos affaires soient en ordre. La différence avec la mort est que nous ne pouvons emporter aucun bagage, et que ce voyage est sans retour, ou tout du moins, le retour ne se fait pas dans la même famille, dans le même pays ni la même époque, contrairement au voyage terrestre.
Se préparer à sa propre mort, c’est faire le deuil de sa vie. Prendre conscience que l’on ne sera pas là pour le printemps prochain… ou pour l’anniversaire d’un enfant… S’il n’est pas facile de voir partir quelqu’un de proche, il n’est pas plus facile de quitter les gens que l’on aime. Se préparer à sa mort c’est non seulement mettre en ordre ses affaires, ses papiers, mais c’est aussi dans sa tête faire le nettoyage des regrets, des rancunes, c’est aussi libérer les non dits.
Il est dit que nous devrions chaque jour nous préparer à partir, et conscientiser le fait que nous vivons peut-être notre dernière journée. Cela induit le fait que si c’était réellement le cas, les rancunes, les regrets n’existeraient pas et que notre psychologie serait débarrassée de bien des maux qui nous encombrent.
De ce qui a été vu précédemment concernant la mort dans la vie, nous pouvons déjà profiter de toutes ces étapes de la vie pour nous préparer psychologiquement à la mort. Une autre façon est également de faire son testament, ne serait-ce que pour soulager notre conjoint ou nos enfants qui seront assez déstabilisés par notre départ, surtout s’il est prématuré, pour ne pas les surcharger avec des problèmes administratifs.
Mais c’est surtout vers la fin de notre vie, lorsqu’on sent qu’elle s’achève qu’il faut prendre un soin particulier à notre préparation. Pour « vivre » au mieux notre mort, nous devons avoir l’esprit dégagé de tout soucis ou problème. S’il est aisé de se préparer sur le plan matériel, il l’est parfois beaucoup moins sur le plan relationnel et affectif. En effet, des conflits en suspens ou des inimitiés peuvent être une charge pour l’harmonie intérieure qui doit régner au moment de la mort. Dans la mesure du possible, il faut se réconcilier avec les proches avec qui nous sommes en conflit, avec des enfants que l’on n’a plus vu depuis des années, etc. Mais il faut accepter de voir nos propres responsabilités dans la cristallisation de certaines situations ; c’est une occasion unique qui nous est offerte d’apprendre à pardonner.
A la suite du paragraphe précédent, je vais présenter les cinq regrets les plus fréquemment mentionnés par les personnes mourantes. Connaître ces regrets qui ont une dimension universelle est également une façon de se préparer à la mort. Voici ces cinq regrets :
1. « J’aurais souhaité avoir le courage de vivre une vie vraie envers moi-même et non pas la vie que les autres attendaient de moi. »
C’est le regret le plus fréquent de tous. Quand les gens réalisent que leur vie est presque terminée et la contemplent avec lucidité, il est facile de voir combien de rêves n’ont pas été réalisés. La plupart des gens meurent en n’ayant pas accompli la moitié de leurs rêves, ceci à cause des choix qu’ils avaient faits ou pas faits. Il est très important d’essayer de réaliser au moins quelques uns de nos rêves tout au long de notre vie. Dès l’instant où nous perdons notre santé, il est trop tard. Très peu de gens sont conscients que la santé donne une liberté jusqu’au moment où ils n’en disposent plus.
2. « J’aurais souhaité ne pas travailler autant. »
C’est le regret le plus fréquemment mentionné par les hommes et les femmes qui ont eu une vie professionnelle bien remplie. Ils n’ont pas su assez profiter de l’enfance de leurs enfants ainsi que de la compagnie de leur partenaire. Ils regrettent profondément d’avoir passé la plus grande partie de leur vie au travail et à donner des priorités à ce qui, au final, les a fait passer à côté des choses importantes de la vie.
En simplifiant notre façon de vivre et en faisant des choix conscients tout au long de notre vie, il est possible de ne pas avoir besoin d’autant de revenus que nous croyons. En choisissant de moins consacrer de temps à des ambitions professionnelles, nous créons plus d’espace dans notre vie, et nous devenons plus heureux et plus ouverts aux nouvelles opportunités qui sont plus adaptées à notre nouvelle façon de vivre.
3. « J’aurais souhaité avoir le courage d’exprimer mes sentiments. »
Beaucoup de gens ont nié leurs émotions pour éviter les conflits avec les autres. Le résultat c’est qu’ils se sont contentés d’une existence médiocre et ne sont jamais devenus la personne qu’ils auraient pu être. Beaucoup ont développé des maladies liées à l’amertume et à la rancoeur qu’ils portaient en eux.
Nous ne pouvons pas contrôler les réactions des autres. Cependant, bien que les gens réagissent au début lorsque nous changeons la façon dont nous nous comportons et lorsque nous nous mettons à parler franchement, la relation se placera par la suite à un niveau totalement nouveau et beaucoup plus sain. C’est soit cela qui se passe, ou alors la relation malsaine sort de notre vie. Dans les deux cas, nous y gagnons.
4. « J’aurais souhaité rester en contact avec mes amis. »
Souvent, ceux qui sont au seuil de la mort ne réalisaient pas tout le bénéfice d’avoir des vieux amis jusqu’à leurs derniers jours de vie, et il n’était alors pas toujours possible de les retrouver. Beaucoup sont devenus tellement préoccupés par leur propre vie qu’ils ont laissé des amitiés en or disparaître au fil des années. On constate beaucoup de profonds regrets de n’avoir pas donné à ces relations amicales, le temps et l’effort qu’elles méritaient. Les amis manquent à tout et chacun lorsque l’on est en train de mourir.
Il est très courant pour quiconque a un style de vie très occupé, de négliger des amitiés. Mais, lorsqu’on est confronté à sa mort prochaine, les détails physiques de la vie disparaissent. Si c’est possible, les gens désirent mettre en ordre leurs finances. Mais ce n’est pas l’argent ou le statut social qui sont vraiment importants pour eux. Ils veulent mettre les choses en ordre au bénéfice de ceux qui leur sont chers. Cependant, ils sont en général trop malades et las pour pouvoir le faire.
Finalement, tout se résume à l’amour et à la relation aux autres. C’est tout ce qui nous reste dans les dernières semaines : l’amour et les relations humaines.
5. « J’aurais souhaité me permettre d’être plus heureux. »
C’est une phrase d’une fréquence surprenante chez les personnes en fin de vie. Beaucoup n’ont pas réalisé jusqu’à la fin que le bonheur est un choix. Ils sont restés coincés dans de vieux schémas et de vieilles habitudes. Le soi-disant « confort » de l’habitude a débordé aussi bien dans leurs émotions que dans leurs vies physiques. La peur du changement les a fait prétendre aux autres et à eux-mêmes qu’ils étaient heureux, alors qu’au fond d’eux-mêmes, ils avaient hâte de rire vraiment et d’avoir un peu de pitrerie à nouveau dans leur vie.
Lorsque vous êtes sur votre lit de mort, ce que les autres pensent de vous est très loin de votre esprit. Qu’il est merveilleux de pouvoir lâcher prise et sourire à nouveau, bien avant d’être mourant.
En conclusion, nous pouvons dire que la vie est un choix. C’est NOTRE vie. Choisissons consciemment, choisissons sagement, choisissons honnêtement. Choisissons le bonheur, choisissons la Vie .
Le processus de la mort se déroule selon cinq phases dans l’ordre où elles sont présentées ci-dessous. Ces cinq phases peuvent toutefois se présenter dans un ordre différent et il se peut aussi que le mourant ne les vive pas toutes. Il est également important de noter que le mourant ET l’entourage vivent ces étapes.
Mais en réalité, l'évolution de la personne en fin de vie n'est pas aussi linéaire, elle passe plutôt par des périodes d'instabilité émotionnelle qui font qu'à un moment, elle peut donner l'impression d'être dans une étape d'acceptation, et deux ou trois heures plus tard, d'être dans une étape de colère ou de dépression. Il faut donc rester extrêmement ouvert et disponible à tout état que le mourant peut présenter, sans s'attendre à ce qu'il soit dans un état particulier.
La fin de vie est un moment qui se situe dans une relation profondément humaine avec toute la sensibilité et la spontanéité que cela peut impliquer. Le risque de la théorie concernant les différentes phases du mourant est de nous enfermer dans des a priori sur la personne. Il s'agit d'accompagner la vie et non d'appliquer une théorie. Voyons maintenant les différentes étapes citées.
LA DENEGATION:
Le déni est un mécanisme de défense qui consiste pour la personne à se comporter comme si elle n'avait pas intégré l'information qu'on lui a donnée en ce qui concerne son état de santé. Elle se comporte également comme si elle n'était pas aussi malade qu'elle l'est. C’est donc un moment de doute, de refus de la situation. Le mourant n’y croit pas.
Il se dit en lui-même : « Il ne peut s’agir de moi ! Il y a erreur »
Un dialogue typique pourrait être :
- « Vous allez bientôt mourir... »
- « Ah bon !? »
À cette période, le mourant peut négliger son traitement, prendre des risques, se lancer dans des projets irréalistes. Il ne supporte pas qu'on tente de le ramener à la réalité. Il existe une forme de déni total, ce qui fait que les personnes semblent tomber d'accord avec ceux qui leur mentent et qui entretiennent le déni, et une forme de déni partiel. Par exemple la personne sait et sent qu'elle va mourir, mais elle ne veut rien savoir de la nature de la pathologie en cause.
Lorsqu'on accompagne un mourant, il faut se souvenir qu'il est encore vivant, et que la meilleure façon de l'aider est de le considérer comme vivant lors de cette étape de croissance qu'on appelle la mort et non pas comme étant déjà mort.
LA COLERE, la rage, la révolte devant l’inéluctable fin.
Au fur et à mesure que son état se dégrade, la personne s'aperçoit que le déni ne sert à rien, elle devient alors très irritable. Tout peut être une occasion de se mettre en colère contre ceux qui la soignent : « Ce sont des incapables ! », en colère contre le monde, contre les biens portants, contre la famille et les amis, contre la vie, contre elle-même, et même contre les objets. La personne se sent frustrée ; il y a une perte du sens de vivre, un sentiment d’injustice. Cette irritabilité témoigne d'une grande anxiété. Souvent, la personne ne se reconnaît pas elle-même. Elle s'en veut d'envoyer promener ceux qui tentent de lui faire du bien.
C'est une étape pénible à supporter pour les soignants, pour les proches… et pour le soigné. Mais il faut se souvenir que pouvoir se mettre en colère est un signe de vitalité. Si la colère ne peut s'exprimer, la personne la retourne contre elle. Elle peut alors développer une grande anxiété sous forme de culpabilité et/ou de passivité. Par ailleurs, si la personne meurt dans cette étape de colère, elle emportera avec elle cette colère qui pourra avoir des conséquences néfastes sur son âme. Cela représentera un fardeau qu’elle devra peut être porter lors de sa prochaine incarnation.
LE MARCHANDAGE:
Le malade marchande une prolongation de sa vie. Il minimise les évènements en proposant un pacte. Dans cette période, la personne est assez épuisée et peu à peu, elle renonce à son agressivité. La personne se comporte alors comme si elle tentait de faire valoir qu'elle méritait un sursis, et elle s'efforce à différentes pratiques pour mériter ce sursis, ce qui a fait dire qu'elle « marchandait »avec la vie. Elle essaie de trouver un compromis avec ceux dont elle estime qu'ils ont un pouvoir sur sa mort et sur sa vie ; et notamment les médecins :« Docteur, faites-moi vivre encore un peu, je marie ma fille dans six mois... »
La personne passe secrètement un accord avec la puissance supérieure (Dieu, Grand Esprit,..) Par exemple, elle peut être tentée de donner tous ses biens à la recherche sur le cancer, avec l'espoir sous-jacent que, ayant fait ce sacrifice, elle mérite d'être sauvée.
Elle peut s’efforcer d’être aussi très scrupuleuse dans les traitements :« Si je prends consciencieusement mes médicaments, il n’y a aucune raison pour que je meures... »
Le marchandage peut être mal compris par les proches et par les équipes de soins, car il est peu repérable et prend des formes multiples. Quelques fois, on croit que la personne tente de manipuler, il n'en est rien. Cette phase peut également générer plusieurs comportements superstitieux.
Cependant, l’homme semble avoir le pouvoir de reculer et de choisir le moment de sa mort. Il y a beaucoup d’exemples où des personnes ont attendu, par exemple, d’avoir réglé des affaires courantes ou bien de s’être réconcilié avec un parent, un fils,... Lorsqu’elles estimaient avoir réglé leurs affaires, on a constaté qu’elles partaient dans une profonde sérénité.
LA DEPRESSION ET L’ABATTEMENT:
L'état du patient s'aggravant, il rentre dans une étape de dépression qui comporte deux temps:
1. l'adieu à la vie
2. la préparation à la mort
La première étape de la dépression s'organise autour de l'adieu à la vie qui se manifeste par des regrets. La personne voit souvent son passé avec de l'amertume. Elle a du mal à voir ce qu'elle a pu être ou faire de positif. Elle rumine sur tout ce qu'elle n'a pas réussi et ce qu'elle n'a pas eu le temps de réaliser, elle ressasse les vieux conflits, les ruptures, les échecs et plus particulièrement les échecs relationnels. Elle se sent fautive et a tendance à s'auto-accuser.
C'est une étape qui correspond à la recherche d'un sens à la vie. Surtout, lorsque les personnes n'ont jamais réfléchi au sens de leur vie avant d'arriver à sa dernière étape. Une des façons de les aider est d'écouter sans juger et sans essayer de les consoler à bon marché.
La personne a surtout besoin de quelqu'un qui assure la fonction de témoin. Si la personne adhère a un système de croyance, il est intéressant de l'encourager à rencontrer le représentant du culte auquel elle appartient, afin de procéder aux rituels religieux qui correspondent.
La deuxième étape de la dépression survient lorsque la mort est proche. La prise de conscience de la fin imminente devient réelle. La personne se retire des relations humaines, elle ne veut plus qu'on la lave, elle ne veut plus qu'on la touche, elle ne veut plus manger, elle éprouve une grande répugnance à bouger. Elle a tendance à se recroqueviller et à refuser les visites. La meilleure façon de l'aider est de l'accepter. Les mourants n'ont pas besoin de manger. Ils ont essentiellement besoin d'être hydratés. Les soins de confort et d'hygiène sont très importants et particulièrement les soins de la bouche.
Par ailleurs, dans cette phase, le mourant a besoin surtout d’une qualité de contact, de présence, de calme et de silence. Le contact physique est également très important : ne pas hésiter à lui prendre la main, à la masser très doucement... C’est aussi le moment pour s’occuper d'aider les proches, qui doivent accepter de lâcher prise, de donner l'autorisation au mourant de les quitter.
LA PAIX
Lorsque l'accompagnement s'est bien passé, la personne mourante peut arriver à un stade de paix intérieure. C’est l’étape de l’acceptation et du relâchement. Le mourant s’est préparé à partir, il se sent attendu, accompagné. Cette paix et cette sérénité se voient souvent sur le visage au moment de la mort. Cependant, certains n’arrivent jamais à cette étape.
La personne en phase terminale peut également avoir des « hallucinations » où elle voit ses ancêtres décédés venir la chercher. Si c'est une personne qui croit, elle peut voir des saints ou des anges. Ces hallucinations n'ont rien de pathogène, elles n'inquiètentpas la personne mourante, elles sont plutôt apaisantes pour elle. D’un point de vue spirituel, ce que le personnel médical appelle des « hallucinations », sont les êtres spirituels qui viennent aider le mourant à franchir le Seuil. Dans la phase précédente, il a certainement déjà eu un contact avec ces Etres et, de ce fait, il ne ressent plus de crainte par rapport à l’au-delà. Mais le mourant a souvent peur d’en parler par crainte d’effrayer l’entourage, c’est pourquoi l’écoute et la confiance de ceux qui ne craignent pas de les accompagner, sont primordiaux à cette dernière étape.
La notion d’accompagnement a pris une tournure très différente ces dernières décennies. Dans le passé les personnes âgées vivant avec leur famille, ne se voyaient pas mourir seules. De par ce fait, elles étaient accompagnées par les enfants, les petits enfants et quelque fois les arrières petits enfants, plusieurs générations se côtoyaient. Lorsque la personne décédait, son corps restait dans la maison et la plupart du temps les parents veillaient le mort pendant plusieurs jours. Une bougie était allumée et les gens se recueillaient auprès de la personne ; peut-être que pendant ces moments particuliers, certaines choses se disaient entre le mort et les vivants.
Aujourd’hui les personnes âgées vivent seules et décèdent à l’hôpital. De plus elles sont accompagnées la plupart du temps par des étrangers : des personnes bénévoles faisant partie d’associations d’accompagnement. Une fois décédée elles sont mises dans une chambre froide et sont enterrées dans les trois jours qui suivent.
L’accompagnement par la famille est un moment important, c’est une étape pendant laquelle la personne mourante se prépare à partir, et la famille se prépare elle aussi à laisser partir le parent. Toutes les étapes du deuil se font ainsi naturellement et permettent de libérer la tristesse pour que le jour où la personne décède, tout le monde soit prêt à accepter le cycle de la vie et de la mort.
Quel peut-être le rôle d’un Vate dans cette étape de la vie ? Bien sur, si celui-ci souhaite approfondir le sujet, il existe des livres, des conférences et des formations. Et s’il souhaite réellement s’engager, il peut rejoindre une des associations qui proposent un accompagnement de la fin de vie.
Sinon, s’il se trouve un jour face à une personne en fin de vie, il pourra essayer de rechercher en lui toute sa dimension humaine et écouter l’autre. En effet, l’écoute est peut être ce qu’il y a de plus important pour le mourant, il n’est plus temps de porter des jugements sur sa vie, de faire des analyses, de lui parler de l’avenir où de nier son état. Le mourant sait parfaitement où il en est. Il pressent très bien que sa dernière heure est venue et, s’il est assez réceptif, il aura peut-être même commencé à entrevoir ceux qui l’attendent pour l’accueillir « de l’autre côté du miroir ». A ce moment particulier, la personne aura peut-être simplement besoin de sentir une présence humaine, qui saura l’écouter le cas échéant, et qui lui prendra simplement la main si elle le souhaite. Si je précise « si elle le souhaite », c’est parce qu’il y a des personnes très réticentes à un contact physique ; il faut donc toujours demander l’accord de la personne et ne pas prendre d’initiatives personnelles. En règle générale, la personne mourante a un grand besoin de calme et, si possible, d’une ambiance paisible.
Il se peut que la personne en fin de vie soit déjà dans le coma. Dans ce cas, l’accompagnement sera d’ordre spirituel. En effet, une personne mourante en état de coma est déjà en partie dans le monde spirituel ; elle se prépare à son départ définitif. A la différence de l’état de conscience ; il faut éviter le contact physique avec le mourant car cela peut le maintenir dans le plan physique alors qu’il doit commencer à s’en détacher.
Si la personne est seule dans sa chambre, et si c’est possible dans l’établissement dans lequel elle se trouve, vous pouvez allumer une petite bougie et utiliser un diffuseur d’huiles essentielles. Il est possible d’utiliser un brûle-parfum qui regroupe les deux. Pour les huiles essentielles, il faut privilégier celles qui apportent apaisement et sérénité comme la lavande et l’oranger doux. Il y a également l’huile essentielle de mélisse qui est particulièrement appropriée à ces circonstances. Elle ne doit pas être utilisée en diffusion, mais appliquée sur le front et, si c’est possible, sur le plexus cardiaque dans le creux du sternum. Elle apporte soutien et réconfort au mourant en créant chez lui un grand sentiment d’unité spirituelle. Cette huile est relativement coûteuse mais cela sera compensé par le fait qu’elle ne sera utilisée que pour l’accompagnement d’un mourant.
Le travail principal du Vate se fera donc sur un plan spirituel. La méditation et la visualisation seront les principaux outils qui auront pour objectif d’établir une communion spirituelle avec le mourant en l’invitant à se détacher du plan matériel et à se fondre en confiance dans la Lumière spirituelle qui l’accueille. On peut visualiser le mourant montant des marches lumineuses menant à une Porte d’où émane une Lumière radieuse et où l’attendent des êtres spirituels. Cela demandera évidement au Vate de la présence, de la disponibilité et une certaine pratique de la méditation, mais c’est une expérience unique sur le plan spirituel. D’autre part, ce genre d’expérience est quelque chose de très intime ; chacun aura donc son propre vécu. Néanmoins, on peut arriver à ressentir l’acceptation du mourant face à sa mort et, au cours de la visualisation, vous pourrez peut être même le voir se retourner vers vous et vous sourire.
J’ai eu l’occasion d’effectuer ce genre d’accompagnement pour un parent proche et j’ai pu vivre ce que j’appellerai « l’irruption» du monde spirituel dans la pièce où nous nous trouvions. Ce que j’ai pu ressentir à ce moment là ne sont pas des « présences » ou une « Porte » qui s’ouvre, mais c’est plutôt comme une « énergie » qui vient emplir progressivement toute la chambre, l’emplissant d’une densité et d’une note très particulière. Je sais que le mot « énergie » est un mot fréquemment employé et un peu fourre-tout, mais il n’est pas facile de trouver des mots adaptés à ce qu’on peut ressentir à ce moment là. On sent alors qu’il y a une « prise en charge » du mourant par l’Autre-Monde. On sait à ce moment là que notre tâche est terminée ; l’accompagnement ne peut en effet se faire que jusqu’à un certain point.
Il faut également noter que l’accompagnement est éminemment individuel et qu’il est lié au niveau de conscience de la personne et la compréhension qu’elle se fait de la spiritualité. Une personne pourra s’abandonner totalement et vous pourrez effectuer votre accompagnement tel que vous l’envisagez. Une autre se sera préparée à son départ et prendra tout le processus en main ; vous sentirez alors que votre rôle et très limité. Un autre encore sera attendu et vous pourrez percevoir « quelqu’un » qui l’emmène en le prenant par la main. D’autres, enfin, très matérialistes pourront opposer une forte résistance à leur départ et il vous faudra peut être alors être particulièrement rassurant et apaisant dans votre accompagnement.
Une fois l’être cher parti vers les « Iles de l’Ouest » et que les formalités matérielles ont été effectuées, nous nous retrouvons seuls, commence alors ce qu’on appelle le deuil. C’est un réel travail sur soi à effectuer mais dont la difficulté est augmentée par le chagrin et la déstabilisation que représente l’absence physique du disparu et la perte de la communication objective. Mais le processus de deuil ne concerne que l’être physique, ça n’est pas un processus spirituel. Il concerne notre mental, notre conscience objective, nos émotions et notre psychologie. En effet, le deuil est un processus permettant d’intégrer la séparation définitive sur le plan physique. Sur le plan spirituel, il ne peut y avoir de séparation définitive, les âmes très liées peuvent être amenées à se retrouver à nouveau.
Le travail de deuil est, par ailleurs, souvent mal compris. On le présente souvent comme un déni du départ de l’être cher, comme si le fait de s’occuper de sa propre souffrance était un manque de respect envers le défunt et une volonté de « tourner la page ». Pourtant, c’est une étape importante qui nous permet d’intégrer cette épreuve et afin que la vie puisse reprendre et continuer, car la vie doit continuer. La citation : « Il faut laisser les morts enterrer les morts » ne fait que conforter cette idée que la mort n’est qu’une étape de la vie, et qu’une disparition, même si elle est douloureuse, ne doit figer ni la vie ni le temps.
Faire le deuil demande aussi beaucoup d'énergie. C'est pourquoi, pendant une certaine période, la personne endeuillée souffre d'un stress sérieux. Elle doit apprendre à prendre soin d'elle-même pour se donner toutes les chances de réussir son travail de deuil. Voici quelques conseils qui peuvent nous aider quand nous vivons un deuil:
1. Bien s'alimenter et prendre le plus de sommeil possible.
2. Régler les problèmes d'insomnie de préférence par des méthodes naturelles : massages, acupuncture, relaxation, phytothérapie, huiles essentielles, etc…
3. Prendre des « vacances temporaires du deuil » en acceptant de se donner des loisirs et des moments de détente de manière à être plus en forme pour poursuivre son deuil.
4. Suivre le plus possible sa «routine quotidienne». Ce n'est pas le moment de tout changer. Il faut essayer d’alterner les moments d'activité et les moments de détente, et de ne pas perdre la notion du temps qui passe. Toutefois, Il y a des personnes qui ont besoin au contraire de certains changement et de se débarrasser de tout ce qui appartenait au défunt pour faire leur deuil
5. Profiter des moments où les émotions sont à fleur de peau, car ce sont des moments de grâce, le plus pathogène dans un processus de deuil est l'inhibition émotionnelle. Pleurer en regardant une émission de télé ça n'est pas craquer, ce n'est pas une faiblesse, c'est une opportunité de progresser dans le deuil, tout comme s'émouvoir en lisant un livre ou en voyant une scène triste.
6. Selon la situation du moment, s'accorder des temps de solitude pour mieux «digérer» son deuil.
7. Trouver une « oreille » pour être écouté, un témoin bienveillant qui nous accompagnera dans cette période de la vie.
8. Se dire que le pire du deuil est passé et que, peu à peu, une vie nouvelle va commencer.
9. Éviter de prendre de grandes décisions, fuir les personnes qui épuisent notre énergie, éviter les situations dangereuses comme les sports violents, la vitesse excessive en voiture, etc.…
10. Toujours préférer un moment de détente, un bon loisir, la main de quelqu'un, un massage… aux tranquillisants ou à l'alcool.
11. S'entourer de personnes ou d'êtres vivants : plantes, animaux …
12. Apprendre à rendre inopérante les voix intérieures culpabilisantes.
13. Se faire des litanies d'amour : maman m'aime, Paul m'aime, mon chien m'aime, le soleil m'aime, la nature m'aime, mes amis m'aiment…
14. Savoir que l'on n'oubliera pas l'être cher disparu, même si l'on apprend peu à peu à ne plus y penser sans arrêt.
15. S'encourager avec tous les progrès que l'on fait.
16. Ne pas s'inquiéter de retours soudains de la tristesse. C'est un recul temporaire pour un nouvel élan vers la santé.
17. Prendre son temps pour guérir, éviter les fuites dans un faux bien-être, dans une hyperactivité, dans la reconstruction de liens fondés sur la réaction (exemple retrouver immédiatement un amant ou refaire immédiatement un enfant n'est pas recommandé). Éviter les états de fatigue excessifs.
18. Retrouver des ressources spirituelles : les lieux de méditation, les lieux dans la nature que l’on affectionne particulièrement, renouer éventuellement avec des pratiques spirituelles ou des rituels, etc. Toutefois, ces pratiques ne doivent pas être en lien avec la personne disparue sauf, éventuellement, un rituel de « séparation » ou d’ « au-revoir » que vous auriez défini personnellement.
19. Rechercher ou retrouver une vision spirituelle de l'au-delà de la vie
Le travail de deuil peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années. Si on ne s’est pas préparé à la mort, si on a toujours voulu l’éviter, celle-ci peut se rappeler à nous de façon brutale. Elle nous oblige alors à des remises en question et à nous poser des questions fondamentales sur la vie, des questions qu’on ne s’est peut être jamais posées. Le travail de deuil nous oblige à chercher des ressources en nous. S’il s’agit de la perte d’un parent, cela peut nous demander une autonomisation forcée par rapport à nos parents si celle-ci n’a pas été réalisée. Le deuil nous amène donc à devoir répondre à la question : « Qui suis-je fondamentalement ? »
Il n’est pas toujours évident de savoir quand notre deuil est terminé. Cependant, tout ce qui est susceptible de nous rappeler l’être disparu, de quelque nature que ce soit, ne doit pas générer en nous de colère, d’incompréhension ou de sentiment d’injustice, car alors, le travail de deuil n’a pas été totalement accompli. Lorsque, face à la mort, nous sommes dans une complète acceptation par rapport à l’inéluctable, alors nous pouvons dire que notre deuil est achevé.
Lorsqu’on a, perdu un être cher, il peut sembler naturel de chercher à renouer un contact qui nous confortera dans l’idée qu’il y a « quelque chose » derrière le mur de la mort et que l ’on pourra être un jour réunis à nouveau. Parmi les différentes méthodes utilisées, il y a des moyens technologiques. Cependant, on peut mettre en doute les résultats obtenus à l’aide d’appareils comme les magnétophones, les enregistreurs, etc. En effet, le contact avec le monde spirituel ne peut être accompli qu’avec une méthode spirituelle. Le monde spirituel se trouve sur un autre plan vibratoire et il semble donc impossible d’obtenir des contacts par des moyens physiques (objets, magnétophones,...). D’autre part, un contact sous-entend deux personnalités distinctes. Or, la séparation et la dualité sont l’exclusivité du monde matériel. Le Monde spirituel est dans l’Unité, ce qui fait qu’avec une âme défunte on ne peut que s’harmoniser.
Mais est-ce que rechercher un contact est souhaitable ? Les défunts et les vivants sont sur des plans de conscience différents et chacun à son « chemin de vie » à parcourir. Les vivants sont dans une dynamique d’évolution, de changement et de transformation qui est propre au monde matériel et à l’incarnation. Dans le monde spirituel, le temps n’existe pas. Cependant, les défunts ont certainement des choses à accomplir, à tirer les enseignements de leur vie terrestre et, peut être, préparer leur prochaine incarnation. Je pense donc, personnellement, que chacun doit s’occuper de ce qu’il a à faire dans le plan de conscience qui est le sien. Il n’empêche, et de nombreux exemples de ceux qui ont vécu des expériences de mort imminente semblent le prouver, que le moment venu nous retrouverons les êtres qui nous ont été chers sur cette Terre.
Toutefois, on peut concevoir un temps particulier de l’année qui serait consacré au contact avec les disparus et qui se limiterait uniquement à ce moment là. C’est ce que font les Druides à l’occasion du temps de Samonios au début du mois de novembre, à titre individuel ou collectif ; ils savent que c’est un temps particulier propice pour ce genre de contact. En effet, à cette période de l’année le voile entre le monde des vivants et l’au-delà est le plus fin, permettant parfois certaines « communications », certaines « rencontres ».
Des milliers de témoignages collectés à travers la planète auprès de personnes déclarées mortes suite à des accidents dramatiques rapportent une expérience appelée "expérience de mort imminente", une EMI (ou NDE en anglais). Ces témoignages recueillis partout dans le monde, et dans des cultures parfois très différentes, présentent des grandes similitudes. Il en a été déduit que ces personnes avaient approché de manière très intime la frontière entre la vie et la mort. Les visions, sensations, perception vécues sont interprétées par les scientifiques comme étant uniquement d'origine cérébrales, des décharges de substances dans le cerveau au moment de la mort qui pourraient provoquer des sortes d'hallucinations.
Pour les religions et ceux qui suivent une voie spirituelle, la mort n'est qu'un passage de l'âme vers un autre Monde. Comme nous l'avons vu précédemment il y a différentes conceptions de cet au-delà de la vie. La croyance en la réincarnation est la doctrine la plus largement répandue à travers la planète. Les religions qui professent que nous ne disposons que d’une seule vie sont principalement celles que l’on appelle les « religions du Livre ».
Dans différentes Traditions, des grands mystiques ont eu une expérience de l’au-delà et se sont efforcé de la transmettre. Aujourd’hui, les nombreux témoignages de personnes vivant une NDE, une expérience de mort imminente, semblent confirmer ce qu’ont dit les mystiques à propos d’une vie au-delà du monde physique. Le mourant perçoit d’abord des bruits, des craquements ou des bruissements, ou parfois des sons merveilleusement harmonieux.
Puis vient une sensation d’abandon du corps physique ; la personne observe de loin son corps physique et ce qui l’entoure ; ensuite elle se sent aspirée à travers un tunnel sombre, duquel elle surgit en pleine lumière.
Souvent, des rencontres ont lieu avec des aides spirituels ou des êtres protecteurs, avec des Ancêtres ou des proches disparus. Nous ne savons rien de plus car ceux qui parviennent à ce royaume de beauté doivent réintégrer leur corps. Tous les témoignages convergent donc dans le sens d’un Monde Lumineux où nous serions attendus par des êtres chers ou des « guides ».
Dans l’accompagnement de la personne qui franchit le Seuil, ceux qui ont élaboré la « technique » la plus sophistiquée sont les Tibétains. Ils décrivent toutes les étapes du processus dans leur « Livre des morts Tibétains », le Bardo Thödol.
On peut aussi mentionner les traditions chamaniques qui ont également pour fonction principale d’accompagner les mourants vers l’Autre-monde. Les chamans se situent à la frontière des deux Mondes et cela leur permet de remplir un rôle de passeur, mais également d’aller chercher des informations à but thérapeutique pour soigner les vivants.
Sur un plan plus physique, l’énergie vitale quitte les extrémités du corps pour se concentrer sur les organes vitaux. C’est peut être pour cela que les mourant ressentent une sensation de froid.
Puis il y a une perte de la conscience objective suivie d’une séparation de l’âme et du corps subtil d’avec le corps physique. La personne a conscience de cette séparation car elle a la perception d’un phénomène extra-corporel. Les témoignages de NDE indiquent que la personne « voit » clairement son corps de l’extérieur.
Il y a ensuite une perception des expériences marquantes de la vie. Il faut savoir que le dernier sens en alerte est l’ouïe. C’est pour cela que les tibétains lisent le Bardo Thödol à l’oreille du mourant. C’est aussi pour cela que lorsqu’on effectue un accompagnement, il est primordial de prononcer des paroles apaisantes et rassurantes pour le mourant.
Lorsque l’âme a définitivement quitté le corps et donc cessé de l’animer, les forces dissociatives de la matière entrent en action et les cellules pourront alors retourner à la terre. Les forces dissociatives sont constamment présentes dans le corps, mais lors de la vie, leur action est entravée par la Force Vitale.
La mort est un sujet qui nous concerne tous. Pourtant chacun a sa propre conception de la chose. C’est un sujet délicat et les quelques éléments présentés offrent une synthèse de différents sujets en rapport avec ce thème. Chacun pourra, à partir de ceux-ci, approfondir sa recherche afin de se forger sa propre conviction sur laquelle il pourra s’appuyer le moment venu. Mais la mort apporte aussi un éclairage sur la vie et sur son sens. Elle nous apprend l’importance de ce que nous vivons ou pouvons vivre. Elle met en relief notre responsabilité dans nos choix et nos actes. |
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Il est donc primordial, tout au long de notre vie d’avoir confiance en la vie, de voir en elle ce qu’il y a de plus beau, de plus inspirant, toutes choses qui sont le reflet de la beauté du monde spirituel. Car si lorsque nous mourons nous n’emportons rien de physique, nous emportons tout de même notre conception des choses et la vision que nous avons de la vie, et si celle-ci est profondément empreinte de négativité et de rancune, cela peut parfois être très lourd à assumer lorsque nous avons franchi la Porte. |
« Ton œil, c’est ta lampe, il voit le monde tel que tu le conçoit :
Poussière si tu es poussière, Divin si tu es divin »
Prière Amérindienne de celui qui vient de quitter ce monde
Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
Laissez-moi partir
Car j'ai tellement de choses à faire et à voir !
Ne pleurez pas en pensant à moi !
Soyez reconnaissants pour les belles années
Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
Vous ne pouvez que deviner
Le bonheur que vous m'avez apporté !
Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré !
Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.
Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.
La confiance vous apportera réconfort et consolation.
Nous ne serons séparés que pour quelques temps !
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
Je ne suis pas loin et la vie continue !
Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là,
Et si vous écoutez votre coeur, vous sentirez clairement
La douceur de l'amour que j'apporterai !
Quand il sera temps pour vous de partir,
Je serai là pour vous accueillir,
Absent de mon corps, présent avec le Grand Esprit !
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer !
Je ne suis pas là, je ne dors pas !
Je suis les mille vents qui soufflent,
Je suis le scintillement des cristaux de neige,
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
Je suis la douce pluie d'automne,
Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
Je suis l'étoile qui brille dans la nuit !
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer, Je ne suis pas là...
... je ne suis pas mort.
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